la solidarite en jeux

Publié le par isareve

La solidarité en jeux
 

Mettre hors-jeu la violence

    La plupart des jeux ont recours au modèle "gagnant- perdant" et favorisent le "chacun- pour-soi". Si la compétition- émulation est constructive et facteur d'éducation à la vie sociale, la compétition- exclusion conduit à des comportements destructeurs tant chez le gagnant que chez les perdants. Quand elle se résume à la loi du plus fort, la compétition est source de violence. Il est donc important de maintenir un équilibre entre compétition et coopération.

    Le principe des jeux coopératifs repose sur la poursuite d'un objectif de groupe qui ne pourra être réalisé que par l'entraide et la solidarité entre les joueurs. Le défi proposé nécessite la mobilisation de chacun et la concertation de tous. Il ne s'agit pas de gagner sur l'adversaire mais de faire équipe et cause commune pour gagner ensemble... ou de perdre ensemble si l'équipe s'est mal organisée.

    La coopération crée dans le groupe une sécurité de base, une atmosphère de confiance où chacun peut apprendre à s'exprimer, à défendre son point de vue avec assurance. Coopérer c'est "construire ensemble", mais l'action collective n'est pas la simple addition des actions individuelles ! Par le dialogue et la négociation il est possible de trouver ensemble la meilleure façon de jouer.

    Les jeux coopératifs allient plaisir de jouer et valeur éducative   pour mettre hors-jeu la violence.

 

 


 
Tu es éliminé- e!

    La plupart des jeux actuels fonctionnent sur la compétition: sans cette dimension le suspense tombe et la partie n'a plus de ressort.

    La compétition- émulation est une confrontation constructive et un facteur d'éducation à la vie sociale. C'est l'occasion de s'affirmer, de se dépasser.

    Mais la compétition peut devenir dangereuse quand elle se résume à la loi du plus fort. Si gagner consiste à éliminer l'autre, le jeu conduit à une concurrence agressive et même violente entre les joueurs.

    Le plaisir de jouer disparaît derrière la satisfaction d'avoir été le plus fort ou la colère d'avoir encore perdu.

    La compétition- exclusion conduit à des comportements destructeurs tant chez le gagnant que chez les perdants.

 
 
La compétition envahissante

    De plus en plus, la vie est présentée comme un combat, une compétition sans merci.

    "Il faut se battre pour réussir dans la vie"... tel est le message que font généralement passer les adultes auprès des enfants. Dans ces conditions, ne faut-il pas, dès le plus jeune âge, encourager l'esprit de compétition ?

    On entend souvent cette question. Si l'on admet volontiers que jeux et jouets des petits fassent appel au plaisir et à la découverte, on est vite tenté de préparer l'enfant à la vie, de le mettre, par le jeu, dans les conditions qu'il rencontrera dans l'existence.

    Ainsi la compétition envahit-elle beaucoup d'espaces. Il existe néanmoins des jeux et des sports qui sont pratiqués de façon à allier coopération et compétition et qui favorisent la détente et l'esprit d'équipe.

    En effet, il est important d'apprendre à gagner comme il est important d'apprendre à perdre ! On peut gagner sans écraser et perdre sans haine. Cela nécessite un développement de la personnalité, de l'autonomie, pour être capable de faire des choix plus libres et plus constructifs.

    Le but de l'éducation (é-ducere signifie conduire à l'extérieur de la famille) est bien d'apprendre à se situer par soi même pour, peu à peu, avoir moins besoin de se comparer aux autres.

 
 
Le plaisir de jouer

    Les jeux coopératifs privilégient le plaisir de jouer, non seulement à travers l'histoire mise en scène mais encore par le soin apporté aux éléments de jeu toujours colorés et agréables au toucher, notamment pour les plus jeunes enfants.

    Chaque jeu propose un objectif qui ne pourra être atteint que par l'entraide et la solidarité entre les joueurs. Dans un jeu coopératif, les joueurs trouvent un bénéfice réciproque à aider et à ce faire aider.

    C'est l'occasion de jouer réellement en groupe, de prendre des décisions en commun et de donner à chacun sa pleine mesure.

    Le défi à relever ensemble nécessite la mobilisation de chacun et la concertation de tous: éteindre l'incendie, se mesurer au dragon, sauver les habitants de l'île en feu, échapper aux pirates, combattre les pluies acides, etc.

    De plus, certains jeux coopératifs proposent un message éducatif comme par exemple l'apprentissage du tri des déchets ménagers dans le jeu Recyclons les déchets.

 
 
Stratèges en herbe

    Dans les jeux de société traditionnels, les plus petits de la famille sont trop souvent les perdants systématiques alors que dans les jeux de coopération, ils participent à part entière au même titre que les plus grands.

    Il ne s'agit plus de gagner sur l'adversaire mais de faire équipe et cause commune pour... gagner ensemble, sous peine de perdre ensemble si le défi proposé n'a pas été relevé.

    Les jeux coopératifs s'adressent à diverses catégories d'âge, à partir de 3 ans.

    Pour les plus grands, ce sont des jeux de stratégie. Certains jeux proposent des variantes de plus en plus complexes qui peuvent s'adresser à tous, adultes compris.

    Chaque jeu est introduit par une histoire à raconter aux enfants pour stimuler leur imagination: ils peuvent ainsi s'identifier aux personnages et se sentir plus impliqués dans le défi à relever.

 
 
Développer la confiance

    Les jeux coopératifs fonctionnent sur la communication et la concertation. Chacun à leur tour, les joueurs vont avancer un bateau, déplacer un pion, choisir un chemin. Les autres joueurs peuvent faire valoir d'autres propositions.

    Il faudra donc expliquer son jeu... ou se rendre à d'autres arguments et modifier son choix. Chaque mouvement de jeu concerne tout le monde et s'inscrit dans une démarche collective.

    La coopération crée dans le groupe une sécurité de base, une atmosphère de confiance où chacun pourra s'exprimer, manifester ses besoins, sans peur d'être jugé. Coopérer c'est construire ensemble.

    L'éducation à la coopération n'est pas seulement liée à la réussite du jeu, mais aussi à l'environnement dans lequel le jeu se déroule. Les jeux coopératifs stimulent les aptitudes à négocier et réveillent en chacun la créativité.

 
 
De l'individu au groupe

    Lorsque l'on aborde le jeu coopération avec les réflexes habituels du chacun pour soi, il y a toutes chances pour que la partie soit perdue. C'est généralement l'observation que l'on peut faire à la première expérience.

    En effet, si chacun doit tenir sa place avec compétence (plutôt que compétition), il doit en même temps être capable de prendre du recul sur son propre jeu pour intervenir, si nécessaire, dans le champ collectif.

    La performance individuelle n'est pas seule suffisante. L'action collective et le sens de l'efficacité peuvent nécessiter une autre attitude, non compétitive, solidaire.

        Les jeux coopératifs vont ainsi permettre à l'enfant de comprendre la notion d'interdépendance et de relation les uns aux autres, et de mesurer en quoi l'action collective n'est pas la somme des actions individuelles.

    Il expérimentera également que par le dialogue et la négociation on peut trouver ensemble la meilleure façon d'agir, chacun à sa place et à son niveau.

 
 
Eduquer à la paix

    Si le voisin n'est plus l'ennemi à battre, faut-il que ce soit pour autant la corneille, I'ours ou l'orage qui le remplace ?

    La tentation existe de vouloir reproduire les mécanismes de compétition- exclusion par habitude ou par peur de l'inconnu. Il s'agirait, dans cette hypothèse, de fonctionner en équipe uniquement pour vaincre la nature, I'animal ou l'oiseau. Ce n'est pas la conception des jeux coopératifs.

    On peut jouer ensemble dans l'émulation par rapport au défi proposé sans qu'il y ait nécessairement un ennemi à éliminer !

    Le jeu devient ainsi un moment de détente et de créativité qui favorise le développement de qualités nouvelles et notamment la solidarité.

    Cette dimension aura d'autant plus de chance d'être assimilée si le joueur a l'occasion de la voir mise en oeuvre ou de la vivre lui-même en d'autres lieu: famille, école, travail, quartier, etc.

    En favorisant l'autonomie et la solidarité, la confiance en soi et en l'autre, ces nouveaux outils peuvent modifier les relations interpersonnelles et, à terme, les relations sociales. Ce sont des éléments d'une éducation à la paix.

 
 
Apprendre à résoudre les conflits

    Autonomie, solidarité, entraide... tout cela peut paraître résolument positif et optimiste mais la réalité est bien différente. On côtoie davantage la compétition, I'exclusion et la violence.

    Le conflit est quotidien. Il naît chaque fois qu'il y a confrontation de besoins, d'intérêts et de valeurs. Et la coopération doit se frayer un chemin au milieu des heurts, des crises et des limites de chacun.

    C'est pourquoi l'éducation à la coopération doit s'accompagner nécessairement d'une éducation à la résolution non-violente des conflits. Sinon l'attitude coopérative reste une velléité qui conduit à tous les découragements et à tous les échecs.

    Il s'agit d'acquérir les moyens d'aborder sereinement les conflits et de trouver des solutions satisfaisantes pour les parties concernées.

    Autrement dit, I'approche compétitive, souvent facteur d'exclusion (modèle gagnant / perdant), sera soigneusement évitée au profit d'une approche coopérative où les deux parties, dans le respect et l'écoute mutuels, vont rechercher ensemble une solution créative et durable à leur problème.

    L'éducation à la résolution non-violente des conflits se pratique dès l'école dans certains pays comme les Etats-Unis, le Canada, l'Australie, etc.

    C'est, à notre avis, un objectif fondamental dans loute démarche éducative.

 
 
Du Canada à l'Allemagne

    Les jeux coopératifs sont issus principalement des "new games" (nouveaux jeux) créés par Stewart Brand aux Etats-Unis au moment de la guerre du Vietnam. Le principe fondamental en est l'engagement physique, même assez rude, mais sans gagnant ni perdant.

    Des Canadiens ont ensuite repris une partie de ces jeux, où il n'y avait ni violence ni compétition, pour en faire des jeux coopératifs.

    Terry Orlick, enseignant à l'université d'Ottawa a joué un rôle important dans cette démarche. Il a étudié différentes cultures, notamment papoue, innuit (eskimo), chinoise... Il y a repéré des jeux coopératifs et, sur les traces de l'anthropologue Margaret Mead, il a étayé la thèse selon laquelle il y aurait un lien entre la fréquence de l'utilisation des jeux coopératifs et le caractère non-violent de telle ou telle culture.

    Ses travaux dans les écoles du Canada ont permis de mieux cerner l'impact de la pratique de tels jeux sur les comportements et plus particulièrement sur la faculté d'évoluer en groupe.

    Ensuite, des psychologues allemands ont ramené des Etats-Unis des ouvrages sur les jeux de coopération qui, pour l'essentiel, étaient des jeux de plein air. Ils en ont adapté les mécanismes pour créer des jeux de société coopératifs.

 
 
Des outils pour l'animation et l'éducation

    II y a des jeux coopératifs de plein air et des jeux coopératifs de table. Ces derniers ont été développés notamment par l'éditeur allemand Herder autour des recherches menées par l'équipe de psychologues allemands.

    D'autres fabricants, tels Haba ou Ravensburger, proposent eux aussi plusieurs titres. Tous ces jeux ont des règles traduites en Français, mais les boîtes de jeu, toujours en version originale, constituent un handicap à leur commercialisation.

    La diffusion actuelle nécessite un investissement certain de la part des diffuseurs. De nombreux réseaux commencent à s'intéresser à ces jeux, que ce soit dans les milieux de l'éducation (écoles) ou de l'animation (ludothèques, centres sociaux, associations...).

    Outils d'animation, d'observation, de connaissance de soi et des autres, ils concernent les parents, instituteurs, éducateurs, animateurs, formateurs, et toutes les personnes pour qui le jeu est un moment important de l'éducation et la solidarité une dimension essentielle de la vie en société.

 

Publié dans FICHES D'ACTIVITES

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